05 PM | 17 Nov

De “Timbuktu” au Bataclán, un scénario effroyable et similaire

bataclanQui a vu Timbuktu, le film d’Abderrahmane Sissako sorti en 2014, se souvient de la scène hallucinante où les jeunes gens d’un village malien tombé aux mains d’un groupe islamiste jouent au football sans ballon, parce que les fanatiques ont interdit les jeux et traquent les ballons.

Se souvient aussi de l’arrestation et de la punition de femmes et d’hommes surpris en train de faire de la musique chez eux – parce que la musique est aussi strictement interdite. Et se souvient encore de la proscription de l’alcool, des fêtes et de toute forme de réjouissances imposée par les intégristes.

Ces trois supposés « péchés » sont ceux que les assassins du 13 novembre ont châtiés par le massacre. Ils s’en sont pris au football et, par là même, à toute forme de jeu, quand trois d’entre eux ont attaqué le Stade de France. D’autres ont exécuté des femmes et des hommes parce qu’ils étaient aux terrasses des bars et dans les salles des restaurants d’un des quartiers les plus cosmopolites de Paris. D’autres enfin ont commis le carnage du Bataclan, durant un concert : « Des centaines d’idolâtres dans une fête de la perversité », dans la langue de Daech, qui a du moins le mérite de la clarté. A la logique de l’organisation matérielle des attentats répond leur cohérence si l’on peut dire intellectuelle : haine des plaisirs, haine des sens et donc, naturellement, haine des arts.

Ce programme n’est pas neuf. Entre les intégristes actuels de l’islam qui se réclament d’une lecture rudimentaire du Coran et les intégristes qui, jadis et encore aujourd’hui de temps en temps, se réclament d’une lecture rudimentaire de la Bible, il y a peu de différence. Au début du XVIIe siècle, en Grande-Bretagne puis en Nouvelle-Angleterre, les puritains ne supportaient aucune forme de plaisir charnel, s’habillaient en noir, haïssaient poésie et théâtre et rejetaient toute forme de « gaieté » – c’était leur mot pour sacrilège. Ils étaient aussi iconoclastes, comme l’étaient les premiers protestants au siècle précédent et comme le sont les destructeurs de Nimroud et de Palmyre.

Il appartient aux historiens et aux anthropologues d’analyser ces nihilismes qui se réclament des monothéismes. Il a appartenu à un réalisateur, Sissako, qui est né en Mauritanie, a vécu au Mali et en France et a signé un film contre le colonialisme – Bamako, en 2006 –, d’inscrire ce nihilisme dans ce que ce dernier déteste le plus, une forme artistique inoubliable. On se souvient aussi de la fin de Timbuktu : des villageois assassinés à la kalachnikov par les islamistes et une petite fille qui court pour échapper à leurs balles.

Philippe Dagen

 

 

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1 comentario

  • Colectivo Rousseau

    Traducción enviada por Alfonso:

    Quien ha visto Timbuktu, la película de Abderrahmane Sissako estrenada en 2014, recuerda la escena alucinante en la que los chavales de un pueblo malién en manos de un grupo islamista juegan al fútbol sin balón, porque los fanáticos han prohibido los juegos y confiscan los balones.

    Recuerda también la detención y el castigo de mujeres y hombres sorprendidos haciendo música en sus hogares –porque la música está también estrictamente prohibida. Y recuerda incluso la proscripción del alcohol, de las fiestas y de todo forma de disfrute impuesta por los integristas.

    Estos tres supuestos “pecados” son los que los asesinos del 13 de noviembre han castigado mediante la masacre. Han ido contra el fútbol, y, al mismo tiempo, contra toda forma de juego, cuando tres de ellos atacaron el Stadio de France. Otros han ejecutado a mujeres y hombres porque estaban en terrazas de bares y en restaurantes de uno de los barrios más cosmopolitas de Paris. Otros, en fin, han cometido la carnicería de Bataclan, durante un concierto: “Centenares de idólatras en una fiesta de perversión”, en el lenguaje de Daesch, que al menos tiene el mérito de la claridad. A la lógica de la organización material de los atentados responde su coherencia, si se puede decir, intelectual: odio de los placeres, odio de los sentidos y pues, naturalmente, odio de las artes.

    Este programa no es nuevo. Entre los integristas actuales del islam que invocan una lectura rudimentaria del Corán y los integristas que, antiguamente pero también hoy de vez en cuando, invocan una lectura rudimentaria de la Biblia, hay poca diferencia. A principios del siglo XVII, en Gran Bretaña, después en Nueva Inglaterra, los puritanos no soportaban ninguna forma de placer carnal, se vestían de negro, odiaban la poesía y el teatro y rechazaban toda forma de “alegría” –era su palabra para sacrilegio. También eran iconoclastas, como los primeros protestantes en el siglo precedente y como lo son los destructores de Nimroud y de Palmira.

    Corresponde a los historiadores y a los antropólogos analizar a estos nihilistas que invocan los monoteísmos. Ha correspondido a Sissako, que nació en Mauritania, ha vivido en Mali y Francia y ha firmado una película contra el colonialismo -Bamako, en 2006-, inscribir este nihilismo en lo que este último más detesta, una configuración artística inolvidable. Uno, recuerda también el final de Timbuktu: unos vecinos del pueblo asesinados con kalachnikovs por los islamistas y una niña que corre para escapar de sus balas.

    ↶Reply20 noviembre, 201512:28